Il s’agit d’un ensemble de 6 concertos (BWV 1046 à BWV 1051), l’une des œuvres les plus connues du maître. Ils sont appelés « brandebourgeois » en référence au dédicataire, le margrave de brandebourg.
D’ailleurs la dédicace est un modèle de lettre de motivation tendance 18ème siècle (trouver un poste n’était pas une chose aisée, pour Bach encore moins) :
Dédicace
Comme j’eus il y a une couple d’années, le bonheur de me faire entendre à Votre Alteße Royalle, en vertu de ses ordres, & que je remarquai alors, qu’Elle prennoit quelque plaisir aux petits talents que le Ciel m’a donnés pour la Musique, & qu’en prennant Conge de Votre Alteße Royalle, Elle voulut bien me faire l’honneur de me commander de Lui envoyer quelques pieces de ma Composition : j’ai donc selon ses tres gracieux ordres, pris la liberté de rendre mes tres-humbles devoirs à Votre Alteße Royalle, pour les presents Concerts, que j’ai accommodés à plusieurs Instruments ; La priant tres humblement de ne vouloir pas juger leur imperfection, à la rigueur du gout fin et delicat, que tout le monde sçait qu’Elle a pour les piéces musicales ; mais de tirer plutot en Benigne consideration, le profonde respect, & la tres-humble obeissance que je tache à Lui temoigner par là. Pour le reste, Monseigneur, je supplie tres humblement Votre Alteße Royalle, d’avoir la bonté de continüër ses bonnes graces envers moi, et d’être persuadèe que je n’ai rien tant à cœur, que de pouvoir être employé en des occasions plus dignes d’Elle et de son service, moi qui suis avec un zele sans pareil.
Bon, peine perdue au passage : à l’époque, il cherche à quitter Cöthen, et il atterrira finalement à Leipzig en 1723.
Ces concertos sont plus un assemblage qu’une création spéciale répondant à une commande, fait de pièces réalisées dans les années 1710-1720.
Je me bornerai aujourd’hui à évoquer les 4 premiers concertos. A l’écoute, ce que l’on note, c’est en premier lieu la diversité des thèmes, des structures, des instruments employés selon les concertos. C’est une synthèse étonnante que Bach nous offre.
Le premier concerto est sans doute le plus « rustique », en ce sens qu’il fait largement appel aux trompettes. Le second concerto est plus « allemand », avec un quartet trompette, flûte à bec, hautbois et violon, ce qui est typique. Le 4ème concerto est plus léger, de prime abord. La flûte est guillerette. Puis vient l’andante, et là, c’est infiniment mélancolique. Heureusement, le dernier mouvement, le presto, porte bien son nom.
Mais surtout, il y a LE concerto, mon préféré, le 3ème, chef d’œuvre de grâce et d’élégance. Nous y trouvons 3 violons, 3 altos, 3 violoncelles et la Basse continue. C’est un concerto consacré uniquement aux cordes. Et j’aime les cordes. Dans ce concerto, les cordes sont divisées également en trois groupes qui dialoguent, un dialogue vif et enlevé dans le premier mouvement néanmoins majestueux, et plus virevoltant dans le troisième. La partition de l’adagio de ce concerto est une courte succession d’accords, une cadence, pour ceux qui connaissent.