Pendant la Guerre d’Algérie, au cours de son service militaire, Marc Garanger ne cesse de photographier. Il en revient notamment avec plus de deux mille portraits de femmes algériennes, originellement destinés à des photos d’identité.
Ces photos ont été commandées par l’armée française, qui avait décidé que les « autochtones » devaient avoir une carte d’identité… et ainsi être mieux contrôlés dans leurs déplacements.
Deux-cents portraits par jour. C’est le visage des femmes qui a le plus interpellé le photographe. « Elles n’avaient pas le choix. Elles étaient dans l’obligation de se laisser photographier. Elles devaient s’asseoir sur un tabouret, en plein air, devant le mur blanc d’une mechta. J’ai reçu leur regard a bout portant, premier témoin de leur protestation muette, violente« .
Des portraits tous cadrés à l’identique, tentative de quadrillage des êtres comme on quadrille le terrain. Et en retour, des expressions pleine de défiance, de fierté. Le temps travaillait pour elles.

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Comment disait-on ? les événements d’Algérie?…Pas une guerre, juste des événements…De très beaux portraits!
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Oui, des évènements… Heureusement qu’il y eut des témoins!
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De très beaux portraits, mais on obligeait ces femmes à se dévoiler de force !
« Je savais que c’était un acte policier épouvantable, souligne Marc Garanger. Mais immédiatement je me suis rappelé les photos de l’Américain Edward Curtis qui avait photographié à la fin du 19e siècle les indiens bousillés par le peuple américain. Je me suis dit que c’était l’histoire qui recommençait. Donc je n’ai pas fait des photos d’identité mais des portraits en majesté cadrés à la ceinture pour rendre à ces femmes toute leur dignité. ». (C’est donc lui qui décidait de ce que devait être la dignité de ces femmes…)
«Dans chaque village, Marc Garanger faisait assoir les femmes sur un tabouret contre le mur blanc de leur maison. Pas de paroles. Pas de protestation. Saisies dans leur intimité, les femmes se pliaient aux ordres sans broncher. Au début, elles faisaient tomber sur leurs épaules le morceau de tulle qui voilait leur visage mais gardaient le cheich enroulé autour de la tête, puis elles ont été forcées à tout enlever. «Après avoir vu mes premières photos, le commandant a demandé à ce que les femmes soient complètement dévoilées. Il m’a dit : « quand on se fait photographier, on enlève son chapeau » ! C’était un pas de plus dans l’agression et ça se lit dans le regard de ces femmes. A l’exception des plus jeunes qui étaient sans doute plus apeurées, elles m’ont foudroyé du regard. Mais je savais ce que je faisais.».
(http://www.tv5.org/cms/chaine-franco…du-regard-.htm).
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