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Dans la série « les petits métiers disparus« , aujourd’hui, le commissionnaire. Il porte bien son nom, puisque son travail est justement de faire toutes sortes de commissions pour qui l’engage.
Photographie d’Eugène Atget, 1899. Source
Il fait vos courses, monte les objets lourds et autres malles aux étages, livre lettres et colis; c’est le coursier version 19ème siècle, et sans mobylette. Souvent auvergnat, presque toujours barbu, on le trouve souvent à proximité du marchand de vin local. Ou dans l’échoppe.
« S’il est à l’intérieur, il laisse à l’extérieur ses crochets pour manifester sa présence et disponibilité« .

Sur ce détail de la photo de la rue des Fourreurs par Marville (1865), nous voyons deux crochets de commissionnaire et une boîte de décrotteur sur la façade de la maison Mazin, commerce de vins (au 1, place Sainte Opportune). Source
L’avènement des ascenseurs, pneumatiques et autres coursiers à vélo signifie la disparition de ce métier d’antan.
Photographie d’Eugène Atget, 1899. Source
Un « coursier à vélo », c’est un « cycliste ».
Ce terme était encore usité dans le jargon journalistique lorsque seul Le Monde disposait encore d’un service de pneumatiques efficace dans Paris. Je parle peut-être d’un temps « que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître », mais il me souvient d’un soir de l’hiver 1990/1991 où j’ai appelé à son domicile Macha Béranger:
– Moi: Allô Macha?
– Elle, ne me connaissant pas: Jeune homme le soir cette réplique me revient de droit.
– Moi, après rires, bafouille d’excuses, je lui explique que j’ai un doc à lui passer, que je veux un retour rapide, et que je ne peux pas me permettre de passer un bout de nuit à la radio avec elle.
-Elle: Alors envoyez-moi un cycliste à mon travail!
– Moi: C’est l’hiver, je vais tâcher de vous trouver plutôt un taxi.
– Elle: mais j’ai déjà mon chauffeur qui doit m’attendre en bas, je suis presque en retard.
– Moi: un taxi pour vous porter l’enveloppe à la radio: en plein hiver et de nos jours, les cyclistes se font rares.
Elle me remercie, raccroche, et file au travail.
Quelques minutes plus tard, ma chef (ravissante bimbo blonde semi-intello plus jeune que moi de pas mal d’années) me demande si j’ai eu Macha et si nous serons dans les délais. Je réponds que j’ai confiance, mais qu’il me faut un taxi qui accepte de contourner un règlement parisien à la con. Elle me refile un numéro d’un pote taxi et me dit « Mais c’est tout ce qu’elle t’a demandé? »
Je lui explique qu’elle voulait un cycliste mais que je lui ai imposé un taxi. Et elle, avec son grand sourire et sa grande naïveté me sort qu’elle ne comprend jamais ce que dit Macha et que c’est pour ça qu’elle m’avait demandé de l’appeler.
Ce soir-là, j’ai pris un coup de vieux. Je n’avais pas vingt-huit ans mais une femme plus jeune que moi venait de le faire comprendre que j’avais un vocabulaire qu’elle n’avait pas…
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Désolé pour ce long commentaire, mais ça fait quelques années que je n’en avais pas fait…
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C’est parfait comme commentaire ❤
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