Jusque très récemment, la lèpre était une maladie incurable, et qui suscitait les plus grandes peurs. Et ce, partout dans le monde. Au Malawi, comme ailleurs, les lépreux n’avaient pas le droit d’être enterrés dignement. En fait, soit on les laissait pendus à un arbre, soit on les attachait et on les jetait dans le creux d’un arbre pour y mourir. L’idée, c’était de ne pas contaminer la terre (oui je sais, c’est idiot, en plus d’être moche). Des arbres comme celui-ci:
On mentionne de telles pratiques dans certains villages, comme à Liwonde, il y a encore 60 ans. En clair, au milieu des années 1950. Selon l’histoire locale, neuf membres d’une tribu tombèrent malades. Pour empêcher la contamination, on les ligota, et on les amena près d’un baobab en bas du Mont Chinguni. On les jeta dans le tronc creux de l’arbre, et on les y laissa mourir.
De nos jours, « l’arbre des lépreux » est encore là. Un écriteau mentionne qu’il s’agit bel et bien d’une tombe. Et on peut passer sa tête dans un creux du tronc pour voir…
… que les squelettes des malheureux sont encore là… Photo
Ce bureau a été présenté lors d’une exposition en 1969 à Hanovre, et était promu comme l’ordinateur de l’an 2000. Composé de claviers séparés, de deux écrans, d’une caméra et d’une photocopieuse, il n’est pas si éloigné que ça de nos bureaux modernes…
Le Crabe boxeur à mosaïque (Lybia tessellata) est une espèce de crabes de la famille des Carpiliidae vivant dans l’océan Indien et l’océan Pacifique. C’est un tout petit crabe (2 cm max) reconnaissable d’une part au motif en mosaïque qui orne sa carapace (rouge brique et blanc crème, liserés de noir; les pattes sont juste annelées). S’il porte le nom de crabe boxeur, ou pom-pom crab en anglais, c’est parce qu’il tient dans ses pinces des anémones qu’il agite et brandit pour impressionner ses ennemis. Ces anémones symbiotiques sont des Boloceractis prehensa. Regardez si c’est mignon:
Joni Niemelä réalise, de façon quasi-obsessionnelle, des clichés macro de plantes carnivores, notamment la Droséra, et c’est magnifique. Son nom vient du grec ancien δροσερός, droseros, couvert de rosée, δρόσος, drosos signifiant la rosée). On l’appelle également rossolis (du latin ros solis, la rosée du soleil), et les photographie de Joni Niemelä sont très parlantes à ce sujet. Beauté des plantes carnivores! Vous pourrez en voir plus en allant sur le compte Instagram et la page Facebook de l’artiste.
Depuis 2007, l’artiste Valerio Vincenzo a parcouru des milliers de kilomètres en Europe pour photographier les frontières, dans un espace qui se définit justement par leur absence. Depuis Schengen en 1995, plus de 16 500 kilomètres de frontière terrestre peuvent être franchis sans contrôle, sur un territoire de plus de quatre millions de kilomètres carrés. En regardant ces images, on en vient non seulement à réviser les stéréotypes associés à la frontière, mais surtout à se demander ce qu’est une frontière, finalement…
Le théâtrophone, c’est un peu l’ancêtre d’un concert sur Youtube, mais sans les images. Créé en 1881 par Clément Ader, il permettait d’écouter de l’opéra par téléphone.
En 1879, Clément Ader participe à la création du premier réseau téléphonique (alors privé) de Paris avec Louis Breguet, Cornélius Roosevelt, François Rodde au sein de la Compagnie des Téléphones Gower, de l’ingénieur américain Frédéric Allen Gower. Devenue la Société générale des téléphones en 1880, la société lance en 1881 le théâtrophone, sur une idée de Ader. Des micros sont installés de chaque côté de la scène de l’Opéra Garnier et permettent d’écouter l’opéra en restant chez soi. Le système sera rapidement étendu à d’autres salles de spectacle.
Source. Les affiches vantent la qualité des casques pour obtenir un son net et intense. Mieux qu’un casque d’IPod, on peut en être certain…
« C’est très curieux. On se met aux oreilles deux couvre-oreilles qui correspondent avec le mur, et l’on entend la représentation de l’Opéra, on change de couvre-oreilles et l’on entend le Théâtre-Français, Coquelin, etc. On change encore et l’on entend l’Opéra-Comique. Les enfants étaient charmés et moi aussi »
— Victor Hugo, Choses vues, in Œuvres complètes, édition du Club Français du livre, tome XVI, 1970, p. 911.
Source. Pour 1 franc le quart d’heure ou 10 francs la soirée, les français disposant de l’appareil pouvaient profiter de la soirée depuis le confort de leur maison. Cela correspond à 38 euros la soirée, en prix actuel.
Illustration tirée du Magasin Pittoresque, 1892. Source. Les autres pouvaient écouter le théâtre ou l’opéra dans des endroits publics.
Le principe est simple: il suffit d’entrer une pièce dans l’appareil pour entendre ce que l’on souhaite. Ils étaient situés dans des endroits où la bonne société passait.
Pour les abonnés particuliers en revanche, le service des auditions à domicile se fait par l’intermédiaire d’un bureau et d’une téléphoniste. Évidemment, lorsqu’un abonné du réseau téléphonique est ainsi relié au théâtrophone, il ne peut plus communiquer directement avec un autre abonné, mais il peut toujours communiquer avec le bureau central. Et c’est ainsi qu’il peut même causer, pendant l’entr’acte, avec un ami relié à un autre théâtre. (Source, page 394)
La Belgique, le Portugal et la Suède adoptent le procédé dont l’extension sera freinée par les problèmes de… droits d’auteur : ainsi Giuseppe Verdi obtiendra d’un tribunal de Bruxelles l’interdiction de retransmettre ses œuvres. Et oui, ce n’est pas un problème récent! Notez que, les spécialistes de l’époque étaient pourtant d’avis que cela ne devait pas poser problème:
Compte rendus des séances – Congrès international de la propriété littéraire et artistique, 1935, page 147. Source.
Le système fonctionnera jusqu’en 1932. L’arrivée de la radio-diffusion aura eu raison du procédé. Sa réussite aura néanmoins permis à Clément Ader de réunir assez d’argent pour se consacrer à l’aviation.
Des douzaines d’yeux vous regardent depuis les toits des favelas de Rio de Janeiro ou les murs d’autres bidonvilles. Ils sont de JR, un artiste français semi-anonyme, discret, mais dont la dimension des oeuvres parle pour lui. Et le but avoué, c’est bien de changer le monde.
Kenya, 2009
J’ai commencé quand j’avais 15 ans. Et à l’époque, je ne pensais pas à changer le monde; je faisais des tags, j’écrivais mon nom partout, en me servant de la ville comme d’une toile. J’allais dans les tunnels de Paris, sur les toits avec mes amis. Chaque sotie était une excursion, c’était une aventure. C’était comme laisser notre marque sur la société, pour dire, « j’étais là, » en haut d’un immeuble. » Source
Phnom Penh, Cambodge, 2009
C’est après avoir trouvé un appareil photo à l’âge de 17 ans qu’il a commencé à documenter ses expériences, qu’il rendait sous forme de photocopies, et qu’il affichait.
Phnom Penh, Cambodge, 2009
Après les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, il retourne dans ces endroits où il avait affiché, auprès de ces jeunes qu’il avait côtoyés et pris en photo. Avec un objectif 28 mm, qui l’oblige à être à 25 cm des personnes, il prend quatre portraits de gens du Bosquet. « Ils faisaient des grimaces effrayantes pour jouer à être des caricatures d’eux-mêmes. Et puis j’ai affiché des posters immenses partout dans les zones bourgeoises de Paris avec le nom, l’age, et même le numéro d’immeuble de ces types. Un an plus tard, l’exposition était affichée devant la mairie de Paris. Et nous passons de ces images prises qui ont été volées et déformées par les médias, qui maintenant s’emparent de leur propre image. C’est là que j’ai réalisé la puissance du papier et de la colle. Alors est-ce que l’art courrait changer le monde? » Source
New Delhi, 2008
En 2007, il se rend au Moyen-Orient avec un ami, et fait le portrait de palestiniens et israéliens qui exercent le même travail: chauffeur de taxi, avocat, cuisinier. Les portraits sont affichés côte à côte dans huit villes israéliennes et palestiniennes et des deux côtés du mur; il s’agit du projet Face2Face.
Rio de Janeiro, 2008
En 2008, il enchaine sur le projet Women are heroes, où la favela Morro da Providência fait la une des médias non pour sa violence endémique, mais enfin pour une exposition artistique. « Pour rendre hommage à celles qui occupent un rôle essentiel dans les sociétés, mais qui sont les principales victimes des guerres, des crimes, des viols ou des fanatismes politiques et religieux, JR a habillé l’extérieur de la favela avec ses immenses photos de visages et de regards de femmes, réunissant subitement la colline et le village dans un regard féminin. «C’est un projet fait de bric et de broc, comme la favela elle-même. On s’est adapté à l’environnement dans cet univers où les toits des maisons sont en plastique et les revolvers des enfants en acier. On s’est débrouillé malgré les rues en pentes, les maisons chancelantes, les câbles électriques imprévisibles et les échanges de tirs qui traversent parfois plusieurs maisons« .
Rio de Janeiro, 2008
Au Kenya, à Kibera, ce sont les toits des maisons qui ont été couverts, dans le cadre du projet Women are heroes. Pas de papier, mais de vinyle, pour être utile et empêcher l’eau de pluie d’entrer dans les maisons.
Kenya, 2009.
Le projet a continué en Inde, où il est impossible d’afficher. « On m’a dit que c’était culturel, et que c’était la loi, on nous arrêterait dès la première affiche. Alors nous avons décidé d’afficher du blanc, du blanc sur les murs. Imaginez donc des blancs qui affichent des papiers blancs« . Sauf que les papiers en question étaient plein de colle, stratégiquement située. Au bout de quelques jours, la poussière aidant, la photo se révèle d’elle-même.
Jaipur, pendant le festival Holi, 2009.
Le projet Women are heroes a créé une dynamique dans les communautés, qui a été maintenue après le départ de JR et ses acolytes. Il y a un centre de contrôle à Providencia, et chaque année, d’autres toits sont couverts à Kibera.
Rio de Janeiro, 2008
L’art peut changer le monde. L’art n’est pas censé changer le monde, changer les choses matérielles, mais changer les perceptions. L’art peut changer la façon dont nous voyons le monde. L’art peut créer une analogie. En réalité, le fait que l’art ne puisse pas changer les choses en fait un lieu neutre pour les échanges et les discussions, et vous donne ensuite la possibilité de changer le monde » Source
Le Havre, 2014.
« Le 05 Juillet 2014, un porte-conteneurs de 363 mètres de long quitte le Port du Havre, pour traverser le monde jusqu’en Malaisie. 2600 bandes de papier ont été collées en seulement 10 jours, sur des conteneurs, avec l’aide des dockers. Les femmes du projet Women are heroes ont fait confiance à JR, avec la seule promesse de faire voyager « leur histoire ». JR l’a fait, des ponts de Paris aux murs de Phnom Penh, jusqu’aux gratte-ciels de New York. Women Are Heroes se termine avec ce navire quittant le rivage. Une image gigantesque, flottant à l’infini. Comme pour illustrer le courage immense de ces femmes face aux difficultés qu’elles affrontent. Nous n’avons aucune idée de ce que contiennent les conteneurs : affaires de gens quittant un pays pour construire une autre vie, produits qui vont être transformés, consommés… Nous ne savons pas non plus où et comment les gens verront ce regard mais nous sommes certains que certaines femmes, très loin, sentiront quelque chose à la vue de ce bateau. » Source
Avant l’ère d’Internet et des transmissions par modem, figurez-vous qu’on envoyait tout de même des photos par liaison téléphonique ou radio. C’est juste que c’était drôlement plus compliqué. Et plus long. Vraiment long. Et comment faisait-on? Grâce à ceci, bien connu des journalistes d’un certain âge ou d’un âge certain.
Le bélinographe, du nom de son inventeur Édouard Belin, est une invention présentée en 1908, et perfectionnée en 1920 pour permettre la transmission des photographies via une liaison radio.
Le bélinographe d’origine se base sur une propriété mécanique de la gélatine bichromatée utilisée en photographie, déjà exploitée pour le même usage par l’américain Amstutz à partir de 1895. Celle-ci devient dure et insoluble quand elle a été exposée à la lumière et développée. La photographie peut donc être transformée en reproduction en relief. On la fixe sur un cylindre tournant, et un palpeur explore ce relief ligne par ligne, convertit cette épaisseur en signal électrique grâce à un rhéostat, et transmet ce signal. À la réception, le bélinographe utilise le signal pour moduler, grâce à un jeu de filtres, la lumière qui expose, sur un cylindre qui doit tourner exactement à la même vitesse que celui de l’appareil d’émission, un film ou un papier photographique, qu’il faut alors développer. Source
Le 13 mai 1914 (ci-dessus), Le Journal publie la première photographie de reportage transmise par bélinographe. Un service de bélinographie relie Paris, Lyon, Strasbourg et Bordeaux en 1924.
En 1933, Belin parvient à produire un engin transportable dans une valise de 17 kg, capable de transmettre sur une ligne téléphonique ordinaire.
Cet appareil est couramment utilisé par les reporters de presse de 1930 jusque dans les années 1980. L’AFP commence à l’utiliser en 1944. Dans ce milieu, cette machine est communément appelée « la Bélino ». Lors de la parution, les photographies reçues par la rédaction par ce procédé, étaient souvent accompagnées de la mention « Transmis par Bélino » ou « Bélino transmis » (ce qui permettait au passage de s’excuser de la piètre qualité de la chose).
L’envoi d’une photographie noir et blanc de 13 × 18 cm dure environ douze minutes. Non seulement c’est long, mais ça fait un bruit infernal.
Une blague circulait encore au début des années 1980 dans les écoles de journalisme: un patron de presse qui n’y connaissait rien, trouve que la photo de une est dégueulasse, et demande d’où vient la photo. Quelqu’un répond « elle nous est parvenue par Bélino ». Alors virez-moi ce Bélino! ».
L’utilisation du bélinographe a cessé dans les années 1990, avec le développement d’autres méthodes, plus rapides.
Fut un temps, pas si lointain, où collectionner les restes humains d’indigènes était un sport comme un autre. Ci-dessous, le Major Général Horatio Gordon Robley avec sa collection de Mokomokai, des têtes maoris d’adversaires réduits en esclavage et tatoués de force (pour en savoir plus, lisez cet intéressant billet), en 1902.
Voici sea/see/saw, une sculpture cinétique créée par Caitlind r.c. Brown et Wayne Garrett. Ces deux artistes de Calagary (Canada) ont utilisé 14.000 verres de lunette pour créer cette gigantesque œuvre qui scintille au soleil devant le Musée Pera à Istanbul. Elle représente la façon dont la lumière se reflète à la surface de la Corne d’Or, l’estuaire commun aux rivières Alibeyköy Deresi et Kağıthane Deresi qui se jettent dans le Bosphore à Istanbul.
Les Musée Pera se situe dans les locaux de l’ancien hôtel Bristol, construit en 1893; il fête ses dix ans cette année, et l’œuvre a été créée pour les célébrer.