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Götz von Berlichingen, mercenaire et Allemand de son état, était du genre à aimer les batailles. Et au début du 16ème siècle, il avait de quoi faire, avec sa bande de fauteurs de trouble, au profit du premier duc ou baron bavarois qui voulait bien allonger monnaie sonnante et trébuchante. Bref, un poète. Mais guerroyer ainsi, ça peut laisser des traces. Des grosses traces. Comme des morceaux en moins. En 1504, alors qu’il combat au siège du Landshut pour le compte d’Albert IV, Duc de Bavière, von Berlichingern voit passer un boulet de canon d’un peu trop près. Et c’est sa main qui disparait.

Vous croyez que ça allait l’arrêter? Pas du tout. Il se fit faire une main de fer, que l’on peut voir dans la photo ci-dessus. Une belle main, qui devait faire un son de cliquetis tout à fait charmant. Oh, c’est du basique, mais la main en question pouvait tenir une épée. Esthétiquement, le créateur de la main a tout de même tenu à reproduire des jointures, des empreintes digitales…  Pis c’est à peu près tout, et notre homme n’étant pas du genre à aimer la finesse, ça suffisait largement. L’essentiel de sa carrière consistait à se battre, parier, et prêter de l’argent. D’ailleurs, il avait une réputation de Robin des Bois, puisqu’il complétait cette panoplie du parfait gentleman en kidnappant des nobles pour en tirer des rançons.

Après quelques années, il est passé au modèle supérieur, que l’on peut voir ci-dessus. Cette seconde main couvrait l’avant-bras, et était retenue par une lanière de cuir. A la différence de la première main, celle-ci reproduit des jointures fonctionnelles, pouvant être bougées et mises en place par la main gauche, et tenant par des mécanismes à ressorts (similaires à ceux qu’on trouve dans les menottes). La main en question peut non seulement tenir une épée, mais aussi tenir les rênes sur un cheval.

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« Anatomie » de la main. Image: Christian von Mechel/Wikipedia

« Götz de la Main de Fer », ainsi qu’il fut surnommé, s’est battu jusqu’à l’âge de 64 ans, participant à des campagnes contre l’Empire Ottoman, et l’invasion impériale de la France en 1544. Il s’est ensuite mis à la retraite, et a écrit son autobiographie. Il est décédé en 1562, à l’âge de 82 ans.

Il est aussi passé à la postérité pour une citation qui lui est attribuée, alors qu’il tenait le siège du château de Jagsthausen. Sommé de se rendre, il répondit « Er aber, sag’s ihm, er kann mich im Arsche lecken, » ou, approximativement, « Dites-lui qu’il peut me lécher le cul ». Un poète, vraiment, d’ailleurs honoré dans la ville de Weisenheim par une plaque commémorative.

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