Les reliques de saints catholiques sont souvent présentées au sein de reliquaires plus ou moins ostentatoires. Dents, bouts de tibia, morceaux de crâne, un os entier pour les plus fortunés, ces objets sont vénérés d’église en église, et c’est à celle qui s’enorgueillira de détenir le plus grand nombre d’ossements dont la provenance est plus ou moins trouble.
Certaines églises peuvent se péter les bretelles plus que les autres, parce qu’elles ont un squelette entier. Et tant qu’à y être, décoré comme un camion volé. Car voyez-vous, si la religion doit officiellement faire preuve d’humilité, dans les faits, c’est à qui aura la plus grosse (ornementation).

L’église de Weyarn en Bavière (un des fers de lance de la Contre-Réforme) renferme une jolie relique de Saint Valère, exemple parfait de la mort baroque.
Au 16e siècle, des centaines de squelettes furent exhumés des catacombes romaines et envoyés à droite à gauche en Allemagne, Autriche et Suisse, dans le cadre de la Contre-Réforme. En effet, parce qu’il n’y a rien de mieux qu’une relique pour regagner le cœur des fidèles, le Vatican a éparpillé -façon puzzle- ce qu’il avait sous la main pour remplacer les reliques détruites par les protestants.

Saint Benoit. Ou pas. La plupart de ces reliques ne proviennent pas vraiment de saints, enfin, pas au sens officiel de l’Église. Le Vatican s’est contenté d’émettre des certificats de sainteté à des ossements extraits des catacombes et envoyés vers le nord.

Saint Déodat (ou Dieudonné, c’est pareil), église de Rheinau en Suisse.
L’un des Gardes Suisses du Vatican, le Capitaine Johann Pfyffer, a ainsi disséminé 25 « saints » dans son pays natal au 17e siècle. Pas question de les vendre, c’eut été un péché mortel.

Saint Getreu à Ursberg, Allemagne. Celui-ci a été reconstruit avec de la cire.
Comme il n’y avait pas de noms au-dessus des squelettes dans les catacombes, on leur a donné des noms un peu passe-partout: Saint Felix (heureux), Saint Constant, Saint Innocent… Et même Saint Incognitus. Faut dire, en latin, ça fait plus chic.

Saint Frédéric, Abbaye bénédictine de Melk, Autriche.

La main de Saint Valentin, Bad Schussenreid, Allemagne.
Au 19e siècle, ces reliques finirent par paraître un peu trop kitsch, et la plupart furent remisées loin des yeux du public. Ah, oui, évidemment, sans leurs bijoux.

Baissez les spots siouplé. Lounging louche: sous les feuilles d’or se cache la cage thoracique de Saint Vincent (Stams, Autriche).
Sources: ici, là, et là.