Au Népal, des enfants-dieux vivent dans des temples, sans avoir le droit de poser le pied à terre, jusqu’à ce qu’elles atteignent la puberté. Choisies avant même d’avoir appris à marcher, elles sont adorées par des milliers d’Hindous et de Bouddhistes… jusqu’aux premières règles. On les nomme Kumaris, et représentent des réincarnations de Kali, protectrices du mal, et portant chance à qui les vénèrent. Isolées, ne fréquentant pas l’école, elles ne sortent que lors des festivals et processions religieuses.

Samita Bajracharya est vénérée, lors d’un festival à Patan. Le mot Kumari signifie « vierge » en népalais. Comme les autres, elle a été choisie, a passé un test en 32 étapes, et est devenue immortelle, le temps de l’enfance. Loin de sa famille, cachée dans un temple, sortant rarement, et jamais seule.

Samita Bajracharya lave le troisième œil peint sur son front dans la rivière Bagmati, à Patan. C’est au moment de la puberté que les Kumaris subissent un rituel de 12 jours, le « Gufa », pour mettre terme à leur vie de déesse. Elles retournent à la vie civile, une vie qu’elles n’ont jamais connue.

Purna Shova, à gauche, défait les cheveux de sa fille Samita, après la fin du Gufa. Ce rituel est une grande occasion, et marque le moment où l’enfant pourra aller à l’école, rentrer dans sa famille.

Samita Bajracharya dans sa maison, avant de prendre part à une cérémonie à Kumari Ghar. Les Kumaris vivent au sein des temples ou d’endroits fermés au public. Elles ne peuvent se montrer en dehors des cérémonies religieuses.

Trop spéciales pour marcher, les Kumaris sont transportées sur des chars, trônes, dans les bras… Pour certaines, cela implique concrètement qu’elles n’apprendront pas à marcher avant d’être « retraitées », à la puberté. Dans le cas de Samita, que l’on voit ici visiter le monastère blanc de Katmandou, cela signifie ne pas pouvoir marcher correctement.

Une fois retraitée, Samita Bajracharya est retournée à sa vie, où elle a appris à jouer du sarod.


Purna Shova Bajracharya et sa fille couvrent le visage de Samita, alors qu’on l’emmène à l’extérieur, portant une robe traditionnelle de mariée, pour vénérer le soleil lors de la cérémonie du Gufa.
Après le Gufa, Samita vivra avec sa famille: son père Kul Ratna Bajracharya, à gauche, sa mère Purna Shova, extrême droite, son frère ainé Sabin. Une vie de petite fille inédite pour elle.
Lorsqu’elle était Kumari, elle n’est pas allée à l’école. On la voit ici avec un tuteur de l’École St Xavior, qui fait en sorte d’éduquer (autant que faire se peut) les jeunes filles pendant leur règne de déesse.

Les apparitions en public des Kumaris se passent à être assises devant des croyants ou des offrandes.



Après la vie de déesse, les jeux peuvent recommencer.

Avant chaque cérémonie, les Kumaris sont ornées de peintures traditionnelles.
